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===== 🕯️ Note symbolique : Et si le Soldat inconnu était un Algérien ? =====

Et si, sous la dalle sacrée de l’Arc de Triomphe, battue par les pas des passants et couverte de fleurs chaque 11 novembre, reposait un homme arraché à son soleil, à sa langue, à sa terre ?
Un homme venu d’Algérie, sans comprendre pourquoi il partait mourir pour une cause qui n’était pas la sienne.

Il avait vingt ans peut-être.
On l’a déraciné de son douar, de ses oliviers et de ses parents illettrés qui pleuraient en silence, sans savoir s’il reviendrait.
On lui a dit qu’il allait défendre « la patrie », sans lui dire laquelle.
Il ne parlait pas français, il priait en arabe, et ne comprenait ni les ordres hurlés, ni les insultes murmurées.

Il est monté dans un train. Puis sur un bateau. Puis encore un train.
Il a débarqué en Champagne, dans la gadoue glacée, parmi des sapins hostiles et une neige inconnue.
Il a dormi dans des trous boueux, tremblant de froid, avec pour seule chaleur la gnôle qu'on lui tendait pour l’engourdir avant l’assaut.

Il n’a pas eu de chapelle pour se recueillir.
Pas d’aumônier qui connaisse ses prières.
Pas même un mot de réconfort dans la langue de sa mère.

Quand le sifflet a retenti, il est sorti de la tranchée.
Comme tant d’autres, il a couru, baïonnette en avant, vers une mort absurde.
Peut-être a-t-il crié « Allahu Akbar » avant de tomber, seul, dans un no man's land d’oubli.

On a retrouvé son corps, sans papiers, sans nom, sans distinction.
On l’a enterré parmi d’autres, et son cercueil a été tiré au sort.
Il est devenu le Soldat inconnu.

Il incarne tous les morts. Mais il faut oser dire qu’il pourrait être l’un de ces Algériens invisibles, venus mourir pour une République qui ne les a pas faits citoyens, pour un pays qui ne les a pas pleurés.

Son sacrifice n’est pas seulement militaire, il est moral, humain, universel.
C’est le sacrifice de l’homme qu’on dépossède deux fois : de sa vie, et de sa mémoire.

Alors, en nous recueillant sous l’Arc de Triomphe, ayons cette pensée :
Et si ce Soldat inconnu était un Algérien ?
Et si nous lui rendions, enfin, l’honneur de son nom, de sa foi, de sa dignité ?

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